En 2012, la ville de Dakar (Sénégal) en partenariat avec la FAO et la ville de Milan, a sollicité notre expertise dans le cadre de son programme « micro-jardins ». Les promoteurs du programme « micro-jardins » nous ont donc demandé de proposer une alternative à l’utilisation du micro macro. L’objectif était de renforcer la recherche, la formation, la diffusion et l’adoption de pratiques innovantes en agriculture à travers la mise en place d’une plateforme multi acteurs pour la valorisation du compost et du lombricompost.
1- Quel est (sont) votre domaine d’expertise ? et comment votre expertise a-t-elle contribué à des avancées ou innovations technologiques ? (Avec des exemples)
Domaines d’expertise :
- La Production et la protection intégrée dans les agro écosystèmes
- Le diagnostic en milieu agricole
- La formation
Type d’expertises :
- L’Appui conseil agricole (gestion de dossiers, diagnostic, mise en place de systèmes, pré-audit, audit, certification etc.)
- L’Innovation et le développement (recherches, essais, outils…)
- Le renforcement de capacités (formations, développement d’outils et de méthodologies de formation…)
L’une de nos compétences spécifiques à savoir l’innovation et le développement nous a permis de travailler sur différents projets mettant en œuvre des biotechnologies nouvelles dans le contexte sénégalais.
Le projet « Capitalisation de la technologie des micro-jardins de la ville de Dakar
Un microjardin est un potager sur table d’environ 1,5 m2 qui peut être cultivé sur la terrasse d’un appartement, sur un toit ou dans une cour. S’il est bien géré, il peut assurer les besoins quotidiens d’une famille en légumes et même produire un surplus commercialisable. A Dakar, on compte à ce jour 7000 familles bénéficiaires, encadrées par douze centres de formation et de démonstration (CFD)répartis dans toute la conurbation. Comme tous les potagers, ces micro-jardins utilisent un engrais chimique appelé micro macro nutriments. Le problème, c’est qu’il n’est pas recommandé d’utiliser des substances chimiques sur des légumes destines à la consommation. De plus cet engrais est importé et pèse sur la marge commerciale. |
Dans le cadre de ce projet, une plateforme technique a été mise en place avec différents acteurs et partenaires dans le but de promouvoir l’utilisation du compost et du lombricompost. L’utilisation de ces fertilisants organiques est considérée comme une approche alternative, qui permettra, grâce à une introduction progressive, de résoudre le problème de l’accès et du coût des intrants dans le programme micro jardin. A cette date l’ensemble des micros jardiniers de Dakar ont été formes aux biotechnologies de compostage et de lombricompostage.
Le projet ENVOL : amélioration du cadre de vie et de l’environnement, valorisation des ordures domestiques pour le développement durable finance par la FONDATION UCAD et EIFFAGE
Le projet pilote ‘Gestion écologique et durable des déchets ménagers végétaux par lombricompostage’ a été mis en place à l’UCAD. Dans une approche participative, la démarche méthodologique intègre des méthodes de mise en place d’un système de tri et de valorisation des ordures en vue d’adopter un système de gestion durable et écologique. Au terme de ce projet un système de collecte et de tri des ordures a été mise en place à travers l’acquisition d’une plateforme de compostage et de lombricompostage avec l’appui des étudiants du Master GEDAH (www.gedah.sn ). A l’issu de ce projet 2 tonnes de lombricompost et 100 litres de jus de lombricompost issu des déchets verts ont été obtenus.
2- à quels publics avez-vous diffusé ces avancées ? et comment les avez-vous informés ?
Les techniques du lombricompostage ont été largement diffusées et vulgarisées à l’aide de supports pédagogiques adaptés (guides, fiches techniques, sites web, animations des 12 CFD, communications scientifiques, et des documents scientifiques mis en ligne) auprès des différents acteurs de la filière micro jardinage. Cette diffusion a permis d’atteindre les cibles directes du projet notamment les 12 CFD de Dakar membres de la plateforme et d’autres acteurs indirects intéressés par la filière. On considère que près de 2500 acteurs (microjardiniers, maraichers, producteurs horticoles) sont touchés directement et 25 000 acteurs sont touchés de façon indirect à travers les démultiplications et les réseaux sociaux : https://www.youtube.com/channel/UCMGREz3o18MeNnNQOE-Mlpw.
3- quels ont été les facteurs clés de succès et quels ont été les obstacles que vous avez rencontrés et pourquoi ? Le manque de connaissances ?
L’un des points forts dans notre domaine est l’existence d’un laboratoire dédié à la production et la protection intégrées en agroécosystèmes localisé au Département de Biologie animale (UCAD). L’équipe de ce laboratoire composée de jeunes docteurs et doctorants qualifiés ont conduit avec succès ces projets :
- L’équipe comprends un personnel d’enseignement et de recherche expérimenté.
- L’équipe développe des Partenariats avec les structures de recherches (nationales et internationales).
- L’équipe possède une expertise unique dans le domaine de l’Agro écologie dans la sous-région.
Les obstacles rencontrés sont surtout notés au niveau de la valorisation des produits du compostage et du lombricompostage dans le marché national des engrais à cause du manque d’expériences des chercheurs en matière de marketing et d’incubation d’entreprises.
4- Quelles sont vos recommandations pour mieux informer les publics ciblés ?
Les résultats enregistrés dans l’utilisation et la valorisation du lombricompost ont montré que le lombricompost constitue une alternative sure pour lutter durablement contre la dégradation des sols et des substrats et permet de résoudre la problématique de l’accès et du coût élevé des intrants et en particulier les engrais minéraux. Toutefois il demeure une réalité que son utilisation par les producteurs demeure timide et nécessite d’avantage un accompagnement dans la formation et la mise en place d’unités de fabrication de compost. D’où la nécessité de poursuivre les efforts dans la diffusion de la technologie à travers la formation et l’information des acteurs.
Article réalisé par le Professeur Karamoko Diarra